Chrétiens et laïcs, nous avons à vivre tous les jours une présence dans notre temps
Les laïcs sont immergés dans ce monde de mutation technique, juridique, sociale, culturelle, ce monde de peur, d’incroyance, de crispation identitaire ou d’indifférence. Nous sommes entourés d’incroyants ou des mal-croyants, jusque dans nos familles, avec l’expérience de l’incroyance d’un enfant, du rejet de l’Eglise. Nous ne sommes pas dans des situations extraordinaires, mais dans le berceau concret de la famille, concernant la santé, la sexualité, le travail et la vie sociale, économique et politique.
Il demeure une grande différence entre un prêtre-ouvrier ou un religieux qui choisissent le monde du travail, le monde de la pauvreté, et un laïc qui est par son état confrontés à ces situations. En cas de problème de travail, de conjoint qui s’en va, l’argent qui manque pour manger, se loger, soigner ses enfants, il est de sa responsabilité directe et personnelle. Le laïc sait ce que vivent les autres comme lui.
Ceux qui vivent la difficulté de la vie conjugale, les tentations, les séparations, la souffrance du divorce, ce sont des laïcs ! Là aussi il y a des choses à dire et à vivre qui ne pourront être dites et vécues que par des laïcs. Il en va de même pour la relation parents et enfants. Cette réalité est au cœur de la prédication confiée aux laïcs, par leur engagement.
De tout cela il résulte paradoxalement que l’engagement d’un laïc peut être souvent ressenti comme plus interpellant que celui d’un religieux, parce que ce n’est pas « son job ».
Cette chance que représentent les laïcs pour l’Ordre, c’est aussi une chance pour l’Eglise entière. L’Ordre dominicain avec ses trois branches (frères, sœurs et laïcs) peut illustrer ainsi ce qu’est le peuple de Dieu et donner corps à la théologie de Lumen Gentium.