C’est toujours une grande joie, pour un responsable des fraternités laïques dominicaines, de participer à l’érection d’une nouvelle fraternité. Et plus encore quand il s’agit de la première fraternité dans un des pays composant la Province de France.
Ainsi, à Tallinn, en Estonie, le 8 août 2024, avec le frère Nicolas TIXIER, prieur provincial, j’ai eu l’immense bonheur de recevoir les engagements de 5 laïcs (3 définitifs et 2 temporaires) et de pouvoir aussitôt ériger la Fraternité Fra Angélico de Tallinn.

Une petite maison dans le magnifique cœur historique de Tallinn, une petite chapelle ouverte tous les jours par les frères Alain et Jacek, des laïcs assidus à la prière et à l’eucharistie quotidiennes… Tout cela dans un des pays les plus athées du monde.
Pour Lembit, Kaï, et Mari (engagés définitifs), pour Ingrid et Tarmo (engagés temporaires), pour Külli (engagée à Riga vivant à Tallinn), la prédication passe d’abord par l’art : ils sont acteurs, metteur en scène, artiste vitrier… Ils savent, comme catholiques, ce que veut dire être minoritaires. Ils savent que, au-delà de l’Ordre, c’est l’Eglise locale qui compte sur eux, comme leur a confirmé Mgr Philippe JOURDAN, évêque français de Tallinn, présent à toute leur célébration d’engagements.
Dans une interview donnée à l’hebdomadaire Le Point fin février 2025, Jean-François Colosimo, Directeur des éditions (dominicaines) du Cerf, déclarait en évoquant sa propre expérience de foi :
« Vous aurez compris, et je pense que les primats, hiérarques et prélats qui portent de manière visible l’Église le savent et ne le contesteraient pas, que la vie du monde ne repose pas sur l’action de beaucoup, mais sur la contemplation de peu, sur ces solitaires invisibles, femmes et hommes, qui ont renoncé à tout et prient dans la nuit pour l’illumination de toutes et de tous. Eux anticipent déjà le Royaume. Sans eux, comme en prévient la Bible, l’univers ne tiendrait pas une heure, une minute, une seconde. »

Merci aux membres de la Fraternité Fra Angélico de Tallinn de nous montrer la voie de ce que peut être une présence dominicaine humble, discrète, minoritaire, fervente, priante, porteuse d’espérance.

Les Dominicains sont arrivés en Estonie en 1229. Après qu’ils ont été chassés par la Réforme, ils sont revenus à Tallinn, depuis la Pologne, au XIXe siècle. Ils ont à nouveau dû quitter le pays pendant l’ère soviétique mais sont revenus en 1996. Aujourd’hui, pour la première fois, une fraternité dominicaine voit le jour en Estonie. La mission de l’Ordre des Prêcheurs en Estonie et dans les deux autres pays baltes, la Lettonie et la Lituanie, est confiée aux soins de la province de France.
Le coordinateur des laïcs dominicains européens, Sébastien Milazzo, le vicaire provincial de Dacie, frère Gabriel Salmela, le provincial de Belgique, frère Didier Croonenberghs, ainsi qu’une délégation des fraternités dominicaines de Helsinki et de Riga s’étaient déplacés afin de participer à cet heureux événement.
Jean-René Berthélémy