Autour de 10.000 anonymes se réunissent chaque mois en France, dans environ 180 Cercles de Silence, parmi lesquels s’investissent des laïcs dominicains.
En octobre 2007 à Toulouse, le frère franciscain Alain Richard initie cette forme d’expression citoyenne pour dénoncer les atteintes à l’humanité des sans-papiers et à celle des exécutants d’ordres incompatibles avec leur propre dignité.
Le cercle et le silence
La figure du cercle, où tous sont sur le même plan, est à l’image d’une communauté de personnes, par ailleurs très diverses et sans relations d’autorité, mais solidaires sur un projet.
Le silence est signe de protestation non-violente, au-delà des mots et des cris, en écho au traitement indigne réservé aux sans-papiers, par ailleurs sans-voix, détenus sans jugement dans des Centres de Rétention Administrative (CRA), tels des criminels condamnés à la prison. Par le silence, les participants écoutent leur propre conscience et font appel à la conscience de leurs concitoyens.
Nul ne connait l’impact de cette action publique sur les décideurs capables de changer les choses, mais le mouvement, qui se propose d’éveiller ou de réveiller les consciences, dure depuis 10 ans et se poursuit.
Le quartier de Paris-La-Défense
Pourquoi choisir un tel lieu ? Les Cercles de Silence sont des manifestations éphémères (1 h en général) qui se font sans préalable et se défont sans laisser de traces, comme des flash-mob. Pour une bonne exposition au public, ce sont des lieux emblématiques qui sont choisis.
Le frère Alain Richard avait choisi la majestueuse place du Capitole à Toulouse pour lancer son mouvement. La Défense est un lieu parisien symbolique du monde actuel : le plus grand quartier d’affaires d’Europe avec 20.000 habitants, 200.000 salariés et 70 tours, le temple du CAC40 selon certains.
S’y exprimer en faveur des plus démunis peut sembler un paradoxe. Le spectacle interpelle, frappe les esprits des passants, plusieurs d’entre eux s’interrogent et s’attardent, prenant connaissance des situations décrites à l’aide de quelques panneaux d’information. Ils comprennent que la question soulevée est moins celle du droit que celle de la dignité et du respect que l’on doit à tout homme, à toute femme et à chaque enfant. Certains entrent alors dans le Cercle pendant quelques minutes …
Le Cercle de Silence de la Défense, lancé en 2013, est soutenu par l’Arche et la Dalle, le CCFD-Terre Solidaire, Notre–Dame de Pentecôte, la Cimade, ATD-Quart Monde, la Maison de l’Amitié, le Secours Catholique, le Toit Citoyen et des anonymes.
Patrick,
fraternité Pierre Claverie,
Paris